Comme vous le savez sûrement, le Trône de Fer est loin d’être la seule œuvre de G.R.R. Martin. Il s’est fait connaître en écrivant des nouvelles (souvent de science-fiction, et c’est principalement ce qui va nous intéresser dans cette chronique), quelques romans, et a fait un passage par la télévision, en tant que scénariste pour les séries The Twilight Zone (La Cinquième dimension en VF) et La Belle et la Bête (pour en savoir plus sur la carrière de GRRM, nous vous renvoyons à cette vidéo explicative de la Garde de Nuit).
Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon des différentes publications de Martin qui se rattachent à son univers de science-fiction : l’univers des 1000 Mondes (Thousand Worlds en anglais).
↑L’univers des 1000 Mondes
Dans les temps anciens, l’humanité s’installa sur de nombreuses planètes, après une phase de conquête de l’espace. Ainsi fut créé l’Empire Fédéral. L’Empire était alors cerné par deux factions extra-terrestres et l’humanité rentra en guerre, simultanément, contre ces deux factions. Elle dura 1000 ans et détruisit presque entièrement les trois civilisations. Il ne resta plus que des petites poches de civilisation, les 1000 Mondes, survivantes de cette mêlée intergalactique. Seules quelques planètes possèdent encore la technologie leur permettant le voyage spatial, alors que beaucoup de planètes vivent dans une sorte d’âge de pierre.
Les romans et nouvelles de science-fiction de Martin nous font découvrir ces 1000 Mondes, nous présentant des civilisations hors du commun de façon très immersive, mettant le lecteur face à des personnages fouillés et un univers cohérent et fascinant. C’est une belle façon de découvrir les talents d’écrivain de l’auteur en dehors de la saga Fantasy qui nous rassemble sur la Garde de Nuit !
La plupart de ces romans et nouvelles ont été publiés dans différents recueils en français :
- le recueil Une Chanson pour Lya et autres nouvelles paru chez J’ai Lu ;
- le recueil Les Rois des Sables paru chez J’ai Lu ;
- le recueil Des Astres et des Ombres paru chez J’ai Lu ;
- Le Voyage de Haviland Tuf paru chez Mmémos ;
- R.R.étrospective paru chez Pygmalion (voir notre chronique Parution de « R.R.étrospective » par les éditions Pygmalion).
La liste complète à ce jour (Martin ne confirmant pas toujours le rattachement de telle ou telle nouvelle à cet univers des 1000 Mondes, il est possible que certains écrits déjà publiés en fassent aussi partie sans qu’on le sache, et que donc la liste puisse changer) est la suivante :
Version originale | Version française | Année de publication originale | Parution française ? |
---|---|---|---|
A Song for Lya | Une chanson pour Lya | 1974 | Recueils Chanson pour Lya et R.R.étrospective |
And Seven Times Never Kill Man | Sept fois, sept fois l’homme, jamais ! | 1975 | Recueils Des astres et des ombres et R.R.étrospective |
Bitterblooms | Âprevères | 1977 | Recueils Les Rois des sables et R.R.étrospective |
Dying of the Light | L’Agonie de la lumière | 1977 | Roman collection « J’ai Lu » |
In the House of the Worm | Dans la maison du ver | 1976 | Recueil Les Rois des Sables et tiré à part |
Men of Greywater Station | La Bataille des Eaux-Glauques | 1976 | Recueil Des astres et des ombres |
Nightflyers | Le Volcryn | 1980 | Roman court publié chez ActuSf et dans R.R.étrospective |
Sandkings | Les Rois des sables | 1979 | Recueils Les Rois des Sables et R.R.étrospective |
Starlady | La Dame des étoiles | 1976 | Recueil Les Rois des Sables |
The Glass Flower | Fleur de verre | 1986 | Recueils La Fleur de verre et R.R.étrospective |
The Hero | Le Héros | 1971 | Recueils Chanson pour Lya et R.R.étrospective |
The Stone City | La Cité de pierre | 1977 | Recueils Les Rois des Sables et R.R.étrospective |
This Tower of Ashes | Tour de cendre | 1976 | Recueils Des astres et des ombres et R.R.étrospective |
The Way of Cross and Dragon | Par la croix et le dragon | 1979 | Recueils Les Rois des sables et R.R.étrospective |
Tuf Voyaging | Le Voyage de Haviland Tuf | 1986 | Roman fix-up Le Voyage de Haviland Tuf |
Certains éléments (notamment le nom des planètes) laissent penser que deux autres nouvelles pourraient faire partie du même univers : Au matin tombe la brume et Diaporama (toutes deux dans le recueil Une chanson pour Lya). Martin n’a cependant jamais confirmé leur appartenance aux 1000 Mondes.
↑Les œuvres phares
Si le cœur vous en dit, nous vous conseillons bien entendu de lire toutes les nouvelles et romans que l’on a listés au point précédent. Mais il faut toutefois reconnaître que certaines sortent du lot. Nous allons donc dans ce paragraphe vous parler plus en détail de ces œuvres phares de l’univers des 1000 Mondes, celles que nous vous recommandons chaudement et qui se démarquent.
↑Les Rois des sables et Une chanson pour Lya : les plus récompensées pour débuter votre lecture
↑Une chanson pour Lya : où l’on rencontre Robb et Lyanna…
Un couple est envoyé sur la planète Ch’kéa afin d’enquêter sur l’étrange relation qu’ont les autochtones avec une sorte de divinité parasitaire. En effet, ce couple possède des capacités spéciales, Robb peut « sonder » les émotions des gens et Lyanna sait lire dans leurs pensées. Le Culte de l’Union qui menace la planète des Ch’kéens s’avère de fait une religion suicidaire mais étrangement séduisante…
Ce récit fin et sensible fut récompensé d’un prix Hugo en 1975, distinction on ne peut plus reconnue dans l’univers de la littérature de l’imaginaire. Il s’agit de l’une des nouvelles les plus reconnues de l’œuvre de Martin, à juste titre. Nouvelle très immersive, Une chanson pour Lya nous amène en effet à nous interroger sur la définition de l’amour et sur la solitude des êtres vivants. Des personnages bien construits et un mystère bien dosé viennent agrémenter cette réflexion plus profonde, rendant la lecture fluide et agréable. Une lecture néanmoins assez triste, à ne pas lire un jour de grosse déprime. Si vous cherchez un exemple de ce que peut être une fin douce-amère aux yeux de Martin, cette nouvelle vous éclairera sûrement.
↑Les Rois des sables : une peinture de la cruauté
Simon Kress, homme d’affaires despotique, voue une passion malsaine aux animaux les plus étranges qu’il importe des quatre coins de l’univers pour éblouir ses amis, mais aussi pour satisfaire sa cruauté. Un jour, il découvre dans un magasin un grand terrarium dans lequel sont installés quatre clans d’insectes, qui ne cessent de lutter entre eux pour la domination de leur habitat. L’homme entreprend de jouer avec les quatre clans d’insectes, suscitant guerres et famines dans leur habitat au gré de sa cruauté, afin d’observer les stratégies des insectes… Un passe-temps qui ne sera pas sans conséquences…
L’histoire fait froid dans le dos. Nouvelle très angoissante, on est bien loin ici des Fourmis de Werber en tous cas. Dans cette nouvelle s’exprime tout le talent de Martin à dépeindre des ordures (oui Ramsay Bolton, je pense à toi !) et son talent de conteur, qui vous scotche par son récit. Comme avec Une Chanson pour Lya, on parle ici de l’une des nouvelles les plus reconnues de l’auteur, détentrice de multiples prix, et considérée par beaucoup comme un chef d’œuvre de la science-fiction.
À noter que cette nouvelle a été adaptée en 1995 comme épisode de la série Au-delà du réel.
↑L’Agonie de la lumière : le premier roman de Martin
Publié en 1977, L’Agonie de la lumière (Dying of the Light en V.O.) est le tout premier roman publié par G.R.R. Martin (plusieurs de ses nouvelles avaient été publiées, mais jamais de roman).
L’histoire se situe sur Worlorn, une planète tout au bout de l’univers des 1000 Mondes, qui tombe dans le crépuscule et n’est plus que l’ombre du « monde-festival » qu’elle a été. Worlorn regroupe des villes désertes, autrefois grandioses, qui sont aujourd’hui des vitrines décadentes de civilisations à l’agonie. Le héros du roman, Dirk t’Larien, se rend sur la planète à l’appel de Gwen, son ancien amour, dans l’espoir de renouer avec elle. Mais il réalise à son arrivée que Gwen semble unie par des liens ambigus aux Kavalars, un peuple qui semble cruel, replié sur lui-même et gangrené par son code d’honneur hérité de croyances d’un autre âge.
Roman complexe et mélancolique, ce n’est clairement pas le plus facile d’accès parmi les œuvres de Martin. Le rythme est assez lent, la trame est au final assez sommaire (il ne se passe pas grand chose dans ce roman) et les personnages sont assez peu attachants. Tout ceci fait qu’on peut avoir du mal à rentrer dans l’histoire. Ce n’est qu’à la fin du récit qu’on apprécie réellement la richesse du monde-patchwork déployé par Martin, et, dans un schéma narratif classique chez l’auteur, c’est au fil du récit que l’on réalise que les présupposés que l’on avait pris pour acquis en début de roman sont finalement bien plus complexes qu’il n’y paraissait (notamment sur la civilisation kavalar, avec ses codes complexes et ses lois archaïques à nos yeux). Influencé par le regard d’un héros mené par ses désirs et ses œillères, le lecteur réalise finalement la profondeur du récit qui se noue sous ses yeux en fin de récit. L’Agonie de la lumière est donc un roman pour lequel il faut s’accrocher lors de la lecture, mais que l’on est heureux d’avoir lu une fois fini. Il est également très instructif quant au style de Martin.
↑Le Volcryn : la future série TV à la mode
Avec le Volcryn (Nightflyers de son titre original), George R. R. Martin nous fait suivre l’histoire d’un groupe de chercheurs mené par Karoly d’Branin, parti à la recherche du mystérieux peuple extra-terrestres des Volcryns. Ils embarquent à bord de l’Armageddon, un vaisseau où le commandant de bord refuse d’apparaître autrement que sous la forme d’un hologramme. Très vite la tension monte entre le commandant et les passagers, tandis que les conditions du voyage se dégradent et laissent présager le pire.
Huis-clos spatial, la « novella » (format court, à mi-chemin entre le roman et la nouvelle) se lit très vite. L’histoire n’est pas révolutionnaire, mais elle tient en haleine de bout en bout grâce à des personnages bien croqués et une ambiance savamment créée. Sorti un an après le Alien de Ridley Scott, on sent une influence du film devenu culte, mais le texte n’a pas pris une ride pour autant. La plume de Martin en fait une histoire incontournable.
Le Volcryn a reçu le prix Locus du meilleur roman court en 1981 et fut ensuite adapté au cinéma. Si le film fut un flop, on peut espérer que la série TV annoncée pour 2018 supposée ré-adapter l’histoire à l’écran sur la chaîne Syfy ne suivra pas le même chemin. Nous vous tiendrons en tout cas régulièrement informés des développements de la série sur le blog de la Garde de Nuit. Syfy étant la chaîne à l’origine de l’adaptation très réussie de la série de romans The Expanse, on peut espérer que la future série Le Volcryn sera un succès en tous cas !
↑Haviland Tuf : le livre avec des chatons dedans
Haviland Tuf, simple marchand interstellaire, amoureux des chats et de la nature, est un jour contacté par une équipe d’aventuriers qui a monté un projet fou : tenter de récupérer un vaisseau extrêmement puissant, laissé à l’abandon depuis des centaines d’années au-dessus d’une planète qui voit en lui une « Étoile de la Peste ». Ce serait un « vaisseau à germes », imposante forteresse stellaire de trente kilomètres de long, construit par les Impériaux Terriens pour la guerre et équipé de puissantes armes de destruction et de défense. Mais le plus précieux se trouve à l’intérieur : le vaisseau renfermerait une merveille de technologie, une bibliothèque cellulaire renfermant le génotype de milliards d’espèces existant ou ayant existé dans une multitude de mondes différents. Mieux encore, le vaisseau posséderait des cuves de clonage qui permettraient de redonner vie à ces espèces. Un petit dinosaure, ça vous dit ? (Oui oui attendez-vous à croiser un T-Rex au détour de ces pages).
La petite équipe embarque donc à bord du Corne d’Abondance d’Excellentes Marchandises à Bas Prix, le vieil astronef de Haviland, pour partir à la recherche du vaisseau de guerre terrien.
Le Voyage de Haviland Tuf est un recueil de sept nouvelles (écrites à des dates différentes, c’est ce qu’on appelle un roman fix-up) qui suivent le périple de notre « Tuffy » à la découverte de ce vaisseau, puis dans l’exploration de mondes tout aussi nouveaux et étranges les uns que les autres, et dont certains se retrouvent dans les autres histoires des 1000 Mondes.
Amoureux des chats, de la nature, de l’écologie, de voyages interstellaires, d’exploration, voici un livre fait pour vous ! Martin arrive par sa plume à nous faire voyager à travers des univers débordants de créativité et d’originalité tout en nous sensibilisant à des enjeux écologiques très actuels (les nouvelles ont pourtant été écrites dans les années 1980). On reprochera une certaine répétition dans les aventures de Haviland, les nouvelles reposant souvent sur la même structure narrative. Mais c’est tout de même avec plaisir qu’on découvre les différentes planètes et les espèces farfelues issues de l’imagination de GRRM.
↑Quels liens avec la saga du Trône de Fer ?
↑Une théorie récurrente : l’univers du Trône de Fer serait l’un des 1000 Mondes
I think that for science fiction, fantasy, and even horror to some extent, the differences are skin-deep. I know there are elements in the field, particularly in science fiction, who feel that the differences are very profound, but I do not agree with that analysis. I think for me it is a matter of the furnishings. An elf or an alien may in some ways fulfill the same function, as a literary trope. It’s almost a matter of flavor. The ice cream can be chocolate or it can be strawberry, but it’s still ice cream. The real difference, to my mind, is between romantic fiction, which all these genres are a part of, and mimetic fiction, or naturalistic fiction.
Interview de G.R.R. Martin – Weird Tales (24 May 2007)
« Je pense que pour la Science-Fiction, la Fantasy, et même l’Horreur dans une certaine mesure, les différences sont superficielles. Je sais qu’il y a des gens, dans ce domaine, et particulièrement en Science-Fiction, qui estiment que les différences sont très profondes, mais je ne suis pas d’accord avec cette analyse. A mon sens, ce n’est qu’une question d’habillage. Un elfe ou un extra-terrestre peut, d’une certaine façon, remplir la même fonction, le même schéma littéraire. Une glace peut être au chocolat, ou à la fraise, mais cela reste tout de même une glace. La réelle différence, à mes yeux, se situe entre la fiction non-mimétique, dont tous ces genres font partie, et la fiction mimétique, ou fiction naturaliste. »
(Traduction par La Garde de Nuit)
Aux yeux de G.R.R. Martin, les différences entre Fantasy et Science-Fiction ne sont que superficielles. Mêler SF et Fantasy dans un récit ne serait de fait probablement pas surprenant de sa part. Une théorie que l’on retrouve parfois dans les discussions anglo-saxonnes fait ainsi de « Planetos« (l’appellation non officielle que l’on retrouve communément sur les forums anglo-saxons pour parler de la planète sur laquelle on trouve les continents de Westeros et d’Essos) une planète de l’univers des 1000 Mondes. La Longue Nuit correspondrait alors à la période de guerre nucléaire qui a décimé les 1000 Mondes, et Planetos aurait perdu sa civilisation, se relevant de ses cendres et évoluant vers un univers médiéval dur, comme c’est le cas pour certaines civilisations décrites dans les nouvelles. La technologie qui habitait le monde aurait laissé quelques traces, aujourd’hui considérées comme de la magie (le Mur, la pierre noire mystérieuse qui constitue certains bâtiments…).
Le principal argument de cette théorie se fonde sur la présence d’un dieu apparaissant à la fois dans le Trône de Fer et dans la nouvelle « Sept fois, sept fois l’homme, jamais ! » : Bakkalon, l’Enfant Pâle (ou l’Enfant Blême, selon les traductions). Si certains n’y voient qu’un Easter Egg (clin d’œil) discret de la part de Martin pour rappeler ses œuvres antérieures, d’autres pensent qu’il s’agit de la preuve que l’univers du Trône de Fer et l’univers des 1000 Mondes ne sont qu’un seul et même univers.
Trente dieux différents s’alignaient le long des murs, chacun dans son cercle de lumignons. Les vieilles avaient une prédilection marquée pour la Femme Éplorée, s’aperçut Arya, tandis que les gens riches préféraient le Lion de la Nuit, les pauvres le Voyageur Encapuchonné. Les soldats dédiaient leurs cierges à Bakkalon, l’Enfant Blême, les marins à la Jouvencelle-au-teint-lunaire et au Roi Triton. L’Étranger lui-même avait sa propre chapelle, mais il ne recevait pour ainsi dire pas de visite. La plupart du temps, un seul et unique cierge clignotait à ses pieds. L’homme plein de gentillesse affirma que cela n’avait aucune importance. « Il a maintes faces, et maintes oreilles pour entendre. »
(AFFC, Arya)
Toutefois, Martin a réfuté cette théorie sur son blog. Une théorie qui est donc populaire mais a priori fausse… Ce qui ne vous empêche pas de vous pencher sur les autres œuvres de Martin : certains thèmes se font écho, comme nous allons le voir dans la prochaine partie, et moult théories pourraient vous venir à la lecture, une fois identifiés tous ses mécanismes récurrents d’écriture 😉
↑Des thématiques communes
Les nouvelles de l’univers des 1000 Mondes permettent de jeter un nouveau regard sur la saga du Trône de Fer. En effet, en lisant les autres écrits de l’auteur, on identifie certaines thématiques qui lui sont chères et que l’on retrouve dans son œuvre majeure.
↑Des conflits intérieurs
De façon générale, que ça soit de la Fantasy ou de la Science-Fiction, Martin aime à retracer les conflits intérieurs, les souffrances que l’on peut ressentir suite à des choix humains (pensons par exemple au personnage de Jaime et sa relation à Cersei, au conflit que ressent Gwen, dans L’Agonie de la lumière, entre sa loyauté à elle-même et son amour pour le héros,…)
I’ve always agreed with William Faulkner—he said that the human heart in conflict with itself is the only thing worth writing about. I’ve always taken that as my guiding principle, and the rest is just set dressing. I mean, you can have a dragon, you can have a science fiction story set on a distant planet with aliens and starships, you can have a western about a gunslinger, or a mystery novel about a private eye, or even literary fiction—and ultimately you’re still writing about the human heart in conflict with itself. So that’s the way I try to approach this thing. And while I may work within a genre, I’ve never liked to be bound by them. I have a lot of fun in frustrating genre expectations, using a bit of this or a bit of that, and doing something that hasn’t been done before.
Interview de Martin, 2011.« J’ai toujours été d’accord avec William Faulkner – il disait que le cœur humain en conflit avec lui-même est la seule chose qui mérite d’être écrite. J’ai toujours considéré ceci comme mon principe directeur, et le reste n’est que de l’habillement. Je veux dire, vous pouvez avoir un dragon, vous pouvez avoir une histoire de Science-Fiction qui se déroule sur une lointaine planète avec des extra-terrestres et des vaisseaux spatiaux, vous pouvez avoir un western avec un pistolero, ou un roman de mystères avec un détective privé, ou toute autre fiction littéraire, au final, vous écrivez toujours sur le cœur humain en conflit avec lui-même. Et donc c’est ainsi que j’essaie d’aborder cela. Et même si je travaille dans un genre précis, je n’ai jamais aimé être lié par ses codes. Je m’amuse beaucoup à frustrer les attentes des genres, à utiliser un peu de ceci ou de cela, et à faire quelque chose qui n’ a jamais été fait auparavant. »
(Traduction par La Garde de Nuit)
Ceci participe au non manichéisme des personnages. Si l’on considère par exemple le roman L’Agonie de la lumière : le monde décrit dans le roman, suite à une guerre nucléaire, vit son peuple se terrer dans ses grottes et oublier progressivement la technologie et la civilisation qui le régissait. A la suite des horreurs de la guerre s’est développée sur Haut Kavalaan une société dure, machiste et raciste, aux aspects médiévaux très marqués. La cruauté de ce monde et de ses habitants s’avère être le fruit d’une histoire et des circonstances. Cette historicité du mal nous fait ainsi toucher du doigt l’une des forces de l’écriture de Martin : ses méchants sont le fruit de circonstances, des conflits intérieurs qui les habitent et d’une évolution que l’on peut retracer. On ne naît pas méchant, on le devient… De même que Cersei plonge dans la cruauté, ou que l’on comprend au fil du roman comment un Ramsay Bolton a pu voir le jour, l’Univers des 1000 Mondes n’est pas un monde où les méchants sont de simples méchants.
↑La religion
The truths, the great truths – and most of the lesser ones as well – they are unbearable for most men. We find our shield in faith. Your faith, my faith, any faith. It doesn’t matter, as long as we believe, really and truly believe, in whatever lie we cling to. […] We know truth for the cruel instrument it is. Beauty is infinitely preferable to truth. We invent beauty. Faiths, political movements, high ideals, belief in love and fellowship. All of them are lies. […] Our lies are not perfect, of course. The truths are too big. But perhaps someday we will find one great lie that all humanity can use. Until then, a thousand small lies will do.
(Par la croix et le dragon)
La religion est un thème récurrent dans les œuvres de Martin, et ses 1000 Mondes ne font pas exception.
L’une des œuvres de l’univers des 1000 Mondes la plus liée à la notion de foi est probablement la nouvelle Par la croix et le dragon. On y voit un personnage confronté à un hérétique qui a inventé une nouvelle religion réhabilitant Judas, rajoutant allègrement des dragons aux écritures saintes. Martin illustre alors avec cette nouvelle l’idée que face à une difficile réalité, et face à l’inconnu de la mort, les mensonges de la foi sont un précieux réconfort…
Une idée que l’on peut retrouver également dans la saga du Trône de Fer où, quand la guerre et ses ravages font rage, le fanatisme religieux se fait de plus en plus présent, rassurant les fidèles face à un monde cruel. Mais à l’heure de la mort, la foi est pourtant remise en question, ce qu’illustre par exemple cette belle tirade de Mestre Aemon à l’aube de sa mort :
« La mort ne devrait pas inspirer la moindre crainte à un homme aussi vieux que moi, et pourtant elle m’en inspire. N’est-ce pas risible ? Alors qu’il fait toujours noir où je suis, pourquoi devrais-je avoir peur des ténèbres ? Et néanmoins je ne puis m’empêcher de m’interroger sur ce qui s’ensuivra, lorsque les derniers vestiges de chaleur auront abandonné mon corps. Festoierai-je à jamais dans la grand-salle en or du Père, comme les septons le prétendent ? Causerai-je avec l’OEuf de nouveau, retrouverai-je Daeron entier et heureux, entendrai-je mes sœurs chanter pour leurs enfants ? Qu’adviendra-t-il de moi si ce sont les seigneurs du cheval qui détiennent la vérité ? Chevaucherai-je à travers le firmament nocturne, éternellement, monté sur un étalon de flammes ? Ou bien devrai-je revenir encore dans cette vallée d’affliction ? Qui peut le dire, à la vérité ? Qui est allé voir au-delà du mur de la mort ? Uniquement les spectres, et nous savons de quoi ils ont l’air. Nous savons. »
(AFFC, Mestre Aemon dans Sam III)
Martin aime aussi à taper sur les dogmes des religions, ces faits considérés comme incontestables et inaltérables, qui selon lui amènent à un aveuglement du croyant. C’est une des thématiques de Par la croix et le dragon, avec le mythe de Judas, mais aussi d’une des nouvelles du Voyage de Haviland Tuf nommée On l’appelait Moïse (on vous laisse deviner à quoi il s’intéresse dans celle-ci).
Martin déconstruit à plusieurs reprises l’existence du divin, en montrant que ce qui est pris pour une figure divine par la croyance populaire s’explique en réalité par d’autres éléments, que ce soit de la technologie ou de la magie (ou autres événements surnaturels). C’est ainsi que les Anciens dieux de la saga, vénérés notamment dans le Nord, sont en réalité la manifestation des pouvoirs de vervoyants liés aux barrals. La même thématique est abordée dans Une chanson pour Lya ou encore dans On l’appelait Moïse.
↑La chanson
Une Chanson de Glace et de Feu (A Song of Ice and Fire, le titre original du Trône de Fer), Une chanson pour Lya, le recueil Songs the Dead Men Sing dans lequel furent publiées notamment le Volcryn et Les Rois des Sables, A Song of Stars and Shadows (titre original du recueil Des astres et des ombres), The Lonely Songs of Laren Dorr (Un luth constellé de mélancolie en VF), Dreamsongs (titre original du R.R.étrospective), la chanson de la ville de Kryne Lamiya dans L’Agonie de la Lumière… L’œuvre de Martin est peuplée de chansons. Des chansons tristes, des chansons prophétiques, des gestes héroïques… la chanson est pour Martin un langage des rêves, et à ce titre, il semble chercher à en imprégner ses récits. Lorsque l’on lit sa vision de ce qu’est la littérature fantastique, il n’est pas étonnant de retrouver dans ses écrits cette notion de chansons, colorant ses récits d’une touche onirique.
The best fantasy is written in the language of dreams. It is alive as dreams are alive, more real than real … for a moment at least … that long magic moment before we wake.
Fantasy is silver and scarlet, indigo and azure, obsidian veined with gold and lapis lazuli. Reality is plywood and plastic, done up in mud brown and olive drab. Fantasy tastes of habaneros and honey, cinnamon and cloves, rare red meat and wines as sweet as summer. Reality is beans and tofu, and ashes at the end. Reality is the strip malls of Burbank, the smokestacks of Cleveland, a parking garage in Newark. Fantasy is the towers of Minas Tirith, the ancient stones of Gormenghast, the halls of Camelot. Fantasy flies on the wings of Icarus, reality on Southwest Airlines. Why do our dreams become so much smaller when they finally come true?
We read fantasy to find the colors again, I think. To taste strong spices and hear the songs the sirens sang. There is something old and true in fantasy that speaks to something deep within us, to the child who dreamt that one day he would hunt the forests of the night, and feast beneath the hollow hills, and find a love to last forever somewhere south of Oz and north of Shangri-La.
They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to middle Earth.GRR Martin au sujet de la Fantasy
« La meilleure Fantasy s’écrit dans le langage des rêves. Elle est vivante comme le sont les rêves, plus réels que réels… pour un moment du moins… pendant ce long moment magique avant que nous nous réveillons.
La Fantasy est argent et écarlate, indigo et azur, obsidienne veinée d’or et lapis-lazuli. La réalité est faite de contreplaqué et de plastique, teintée de couleur brune comme la boue ou d’olive terne. La Fantasy a le goût de piment et de miel, de cannelle et de clous de girofle, de viande rouge de qualité et de vins aussi doux que l’été. La réalité est faite de haricots et de tofu, et de cendres à la fin. La réalité, ce sont les galeries commerciales de Burbank, les cheminées de Cleveland, un parking à Newark. La Fantasy, ce sont les tours de Minas Tirith, les vieilles pierres de Gromenghast, les grandes salles de Camelot. La Fantasy vole sur les ailes d’Icare, la réalité sur les avions de la Southwest Airlines. Pourquoi nos rêves deviennent-ils si petits quand ils deviennent enfin réalité ?
On lit de la Fantasy pour retrouver de la couleur, je crois. Pour goûter aux fortes épices et entendre les chants des sirènes. Il y a quelque chose d’ancien et de vrai dans la Fantasy, qui parle à quelque chose de profondément ancré en nous, qui parle à l’enfant qui rêvait qu’un jour il chasserait dans les Forêts de la Nuit, qu’il festoierait dans les Collines Creuses, et qu’il trouverait un amour pour toujours quelque part au sud d’Oz et au nord de Shangri-La.
Ils peuvent garder leur Paradis. Quand je mourrai, je préfère aller en Terre du Milieu. »(Traduction par La Garde de Nuit)
↑La notion de déclin
Comme on l’a dit précédemment, l’univers des 1000 Mondes est le fruit d’une guerre qui a décimé des planètes entières et qui en laissé beaucoup d’autres dans une sorte d’âge de pierre. Alors que des civilisations entières étaient dotées de technologies avancées, elles ont disparu dans le néant, emportant avec elles leurs connaissances, leur culture, leurs outils…
Ça ne vous rappelle rien dans Le Trône de Fer ?! Une civilisation en particulier a disparu dans les flammes, emportant avec elle des technologies avancées que les personnages assimilent parfois à de la magie.
Valyria, ses épées valyriennes, ses routes… mais aussi les Labyrinthiers, un ancien peuple mystérieux provenant de Lorath qui serait peut-être à l’origine de la construction de Villevieille, et qui aurait laissé derrière lui des labyrinthes de pierre. Exactement comme on en retrouve dans la nouvelle La Cité de pierre, où notre héros est abandonné sur un planète dont les civilisations anciennes qui la peuplaient ont disparu en laissant des secrets bien mystérieux, mêlant temps et espace…
La saga du Trône de Fer est peuplée de civilisations anciennes dont on a oublié les prouesses, démontrant la fascination de Martin pour la notion de déclin des civilisations. On peut lire dans les nouvelles et romans des 1000 Mondes les prémisses de cette fascination, mettant en lumière beaucoup de civilisations rendues âpres et violentes après une gloire passée.
Martin l’explique lui même en partie par son vécu et son passé familial, comme on peut le lire dans cet extrait d’interview au magazine Lire en 2015.
Vous avez publié votre premier roman, L’Agonie de la Lumière, en 1977, et il y était question d’un monde menacé de destruction. Pourquoi cette thématique vous est-elle si chère ?
C’est une question intéressante. Je crois que cela provient de l’histoire de ma propre famille. Ma mère était une Brady, elle descendait d’une famille irlandaise qui s’était installée à Bayonne et était devenue très influente au fil des ans. Elle était très proche de l’église locale, qu’elle soutenait ardemment, et ma branche familiale possédait une entreprise de construction fondée par mon arrière-grand-père. Durant la Grande Dépression, après la crise de 29, la compagnie a fait faillite et la fortune familiale s’est envolée. En quelque années, ma mère est devenue terriblement pauvre. Et pourtant, juste à côté de la cité où j’ai grandi, il y avait un dock qui portait le nom de mon arrière-grand-père ! Et quand j’allais à l’école je passais devant cette grande, cette belle demeure où ma mère était née et que ma famille avait perdue… Donc j’ai grandi dans cette atmosphère très proche de celle qu’a connue Daenerys Targaryen : je n’avais rien dans mon enfance, rien d’autre que les souvenirs de la prospérité familiale, de cette puissance qui était celle de mon grand-père et de mon arrière-grand-père Brady, et qui avait été engloutie. Sans doute cela m’a-t-il prédisposé pour une certaine noirceur. D’autant que lorsque j’ai publié mon premier roman, L’Agonie de la Lumière, rien n’allait vraiment bien dans ma vie… Ou peut-être suis-je tout simplement mélancolique ? [rire](Propos recueillis par Julien BRISSON, pour le magazine Lire Hors-Série n°20)
Dans une autre interview, l’auteur explique aussi son attrait pour cette thématique :
James Poniewozik : « I love how the books are almost like you’re in a post-magic world. You have this history that there were once dragons and now people don’t think they exist anymore. A lot of people don’t believe in the Others. There’s Valyria, which almost seems like Rome before the Dark Ages, this high civilization that used to exist but now it’s history. It gives this sadness, this kind of poignancy to the world, like it’s a half fallen civilization. »
GRRM : « You know, I’ve always been attracted to that. I gave a speech about that in 2003 where I was guest of honor at the World Science Fiction Connection in Toronto. I worked on that speech for a year and looked back over my work and my wife and I came to the realization that I’ve always had this affection for [decay]. My first novel [was published as] Dying of the Light, but my title for it was After the Festival. And it was a science fiction novel, it was set on a festival world, a world that when they built for like an interplanetary world’s fair, but now the festival was over and the world was still there, everybody had left except a few people. All of the big exhibit cities were falling into decay and that was the backdrop for it. »(propos recueillis par Jame Poniewozik, en avril 2011, pour le magazine Time)
James Poniewozik : « J’adore la façon dont les livres font comme si vous étiez dans un monde « post-magique ». Vous avez ce passé où il y avait des dragons, mais maintenant les gens pensent qu’ils n’existent plus. Beaucoup de gens ne croient pas en l’existence des Autres. Il y a Valyria, qui ressemble presque à Rome avant les « Ages Sombres », cette « haute civilisation » qui existait par le passé, mais qui désormais est entrée dans l’histoire. Cela donne cette tristesse, ce genre de poignance particulière à ce monde, comme si c’était une civilisation à moitié déchue. »
GRRM : Vous savez, j’ai toujours été attiré par cela. J’ai prononcé un discours à ce sujet en 2003, où j’étais invité d’honneur au World Science Fiction Connection à Toronto. J’ai travaillé sur ce discours pendant un an et j’ai pris du recul sur mon travail ; et ma femme et moi avons réalisé que j’avais toujours eu cette affection pour [le déclin]. Mon premier roman l’Agonie de la Lumière, mais mon premier titre était à l’origine « Après le Festival ». Et c’était un roman de Science-Fiction, il se déroulait dans un monde de festival, un monde qui avait été conçu pour une planète-foire interplanétaire ; mais désormais, le festival était terminé et ce monde était encore là, alors que les gens étaient tous partis, à l’exception de quelques personnes. Toutes les grandes villes d’exposition tombaient alors en décrépitude et c’était cela la toile de fond… »(Traduction par la Garde de Nuit)
Parfois, ce déclin est associé à une ambiance sale, poissarde et pesante. L’illustration la plus explicite se trouve dans la nouvelle Dans la maison du ver (republiée l’année dernière par Pygmalion), dans laquelle l’histoire se déroule sur une planète mourante, éclairée par un soleil qui disparaît de jour en jour, mais dont la population survivante, inconsciente de sa déchéance, célèbre sa vie, une vie pourtant souterraine et menacée par des dangers qu’elle ignore. Certains éléments qui ne sont pas sans rappeler les Ghiscaris de la Baie des Serfs, aveuglés par leur passé glorieux, et refusant de voir l’état de délabrement de leurs cités.
Par ailleurs, la figure du labyrinthe (que ce soit un labyrinthe classique, ou des structures labyrinthiques) est omniprésente dans les écrits de GRRM. Nous parlions du parallèle entre La Cité de pierre laissée à l’abandon et les ruines de la cité de Lorath dans la saga, mais nous pouvons aussi évoquer les boyaux souterrains, angoissants et insondables de Dans la maison du ver, les sous-terrains secrets de Port-Réal, les couloirs interminables et les salles gigantesques du vaisseau de Haviland Tuf (30km de long sur 5 de large et 3 de hauteur, ça fait un sacré dédale, vous en conviendrez), ou encore les couloirs oppressants de l’hôtel des Non-mourants dans lesquels s’avance Daenerys. Et on constate, dans la majorité des cas, que cette figure du labyrinthe est associée à des civilisations en déclin (mais qui refusent de le voir) ou disparues. Et tous ces labyrinthes cachent des secrets et des mystères que ni le personnage ni le lecteur ne saisissent pleinement.
Petit aparté : il est à noter qu’il y a aussi quelque chose de labyrinthique dans la façon dont GRRM aime jouer avec ses lecteurs, et dont il les perd dans la complexité de ses histoires et de la psychologie de ses personnages. Le système d’écriture du Trône de Fer par Point de Vue (PoV : on suit un morceau de l’histoire à travers les yeux et les pensées d’un personnage) en est une illustration. Nous, lecteurs, ne voyons l’histoire que selon des biais induits par les personnages : ce qu’ils voient, comment est-ce qu’ils l’interprètent, les jugements qu’ils portent, les sentiments qu’ils ont pour les autres personnages, les erreurs qu’ils font, etc… Certaines choses nous sont volontairement cachées, et ce n’est qu’en croisant ces différents PoV que nous pouvons espérer trouver le fil d’Ariane et sortir du labyrinthe construit par l’auteur (vous avez à ce propos quelques exemples de théories proposées par la Garde de Nuit sur le blog).
↑La télépathie
« Les chanteurs de la forêt n’avaient pas de livres. Ni encre, ni parchemin, ni langage écrit. À la place, ils avaient les arbres et, par-dessus tout, les barrals. Quand ils mouraient, ils entraient dans le bois, dans la feuille, la branche et la racine, et les arbres se souvenaient. Tous leurs chants et leurs sortilèges, leurs histoires et leurs prières, tout ce qu’ils savaient de ce monde. Les mestres te diront que les barrals sont sacrés pour les anciens dieux. Les chanteurs croient que ce sont les anciens dieux. Quand les chanteurs meurent, ils rejoignent cette divinité. »
(ADWD, Bran III, discours de la Corneille-à-Trois-Yeux)
Si vous souhaitez voir les balbutiements de la notion de vervoyance, tournez vous vers la nouvelle Une chanson pour Lya. Alors que les habitants de la planète des Ch’kéens succombent à une religion suicidaire, on découvre finalement au fil des pages une notion qui se rapproche énormément de notre « réseau de barrals« , où les fidèles, en mourant, rejoignent l’Union, une sorte de réseau immortel qui les lie tous… Ça vous rappelle quelque chose n’est-ce pas ?!
« Le Grichka n’a aucune importance, il n’est même pas doué de conscience, c’est juste un lien, un intermédiaire : l’Union, ce sont les Ch’kéens, tous les Ch’kéens qui sont nés en quatorze mille ans, qui ont vécu, qui ont Adhéré, tous ensemble, qui s’aiment et qui s’appartiennent, éternellement. »
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« Ils ont trouvé Dieu, ou du moins ce qui pour eux s’en rapproche le plus ; ils savent qu’ils ne trouveront jamais mieux. L’Union, c’est un esprit collectif immortel uni dans l’amour. »
(Une chanson pour Lya)
La même notion de « communion entre tous les êtres » est présente chez une des civilisations que l’on rencontre dans Le voyage de Haviland Tuf (Les gardiens).
Un lien surnaturel, que l’on appelle télépathique faute de mieux : Martin reprend ici un de ses vieux concepts (Une chanson pour Lya et Les gardiens ont été écrits en 1977 et 1981), mais le développe encore davantage et l’habille de légendes et de mysticisme jusqu’à en faire un des plus grands mystères du Trône de Fer.
↑Conclusion
Nous espérons par le biais de cet article vous avoir donné envie de lire les œuvres de l’univers des 1000 mondes. Comme vous l’avez vu, beaucoup de ces œuvres éclairent la vision que l’on peut avoir de la saga du Trône de Fer et sont à ce titre une mine d’information pour le fan avide qui veut tout savoir de l’oeuvre… Mais au delà de ça, au demeurant, ces écrits sont passionnants et de petits bijoux à lire ! Lisez-les et vous nous en direz des nouvelles !
BriceLaMalice
Superbe article, merci pour la découverte et l’instruction de cet univers génial. Cela donne à coup sûr envie d’en lire les moindres écrits!